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MLG76

Blog des militants socialistes de Seine-Maritime qui se reconnaissent dans la motion "Maintenant la Gauche !" déposée par Emmanuel MAUREL lors du Congrès de Toulouse du Parti Socialiste.

 

contact : MaintenantLaGauche76@yahoo.fr

 

 

  

 

Vive La Gauche 76

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12 avril 2015 7 12 /04 /avril /2015 08:16

Conseil national du 11 avril - Intervention de... par PartiSocialiste

 

Chers amis et camarades,

Je défie quiconque ici de considérer que le congrès de Poitiers sera un congrès ordinaire.
Il n’est pas écrit d’avance.
Les tempêtes que nous traversons doivent au contraire nous stimuler et réveiller notre parti.
C’est un congrès pour faire gagner la gauche.
Sinon, il ne sert à rien.

Cet enjeu a motivé notre rassemblement, la mobilisation de beaucoup d’énergies et de talents, le dépassement de plusieurs courants existants. Plusieurs s’exprimeront en leur nom.
Des congrès, nous en avons vécu de difficiles, d’autres qui ont connu une réelle ferveur.

1) CE CONGRES EST INSÉPARABLE DE L’ÉTAT DE NOTRE PAYS.

Si nous sommes rassemblés, avec A Gauche, pour gagner, c’est que nous avons une conscience commune de la gravité de l’état de la France.

Les fractures françaises annoncent des temps glaciaires. La carte de France de la progression du Front national vient de s’aggraver, alors que nous sommes au pouvoir. Ce n’est pas seulement la carte de nos défaites locales. Mais celle de l’affaiblissement de la France, de son industrie et de sa ruralité. C’est la carte des abandons de la République. De la pauvreté et du chômage de masse. Que faisons-nous ?
Nous n’agissons pas à la mesure du drame français, celui des vies précaires, des emplois détruits sans que d’autres les remplacent. Nous ne parlons plus à ceux que nous devons défendre, et qui dès lors, se détournent de nous.

Notre pays a tous les atouts et tous les talents pour stopper le déclin. Ceux des ouvriers et des chercheurs, des pôles d’excellence et de nos piliers industriels, ceux des créateurs et des bâtisseurs. Alors pourquoi ça ne marche pas ? Ça ne marche pas parce que le pays est dans bien des endroits démoralisé, que le cap fixé ne peut être un récit comptable ou autoritaire du redressement du pays. Les Français sont fatigués de l’impuissance, et nous aussi. Il ne suffit pas de parler de réformes, qui viennent d’ailleurs et qui n’arrivent jamais. Il faut parler au pays de vision d’avenir, de conquérir plus de justice, de transformer la société française avec elle-même, pas sans elle, pas contre elle !

Quatre défaites électorales en moins d’un an nous ont rappelés durement à la réalité. Ne cherchez pas de précédents depuis Epinay. Il n’y en a pas.
Comment prévenir la cinquième, les régionales, et la sixième en 2017.
Pas par la méthode de l’édredon !
Pas en s’alarmant du tripartisme, vision trop simple. Si la gauche était unie, ça se saurait. Si l’abstention n’était pas la 1ère force, ça se saurait aussi. Derrière l’apparent tripartisme, il y a un peuple qui nous quitte ;
À simplifier, on se désarme.

Ne nous habituons pas à l’air irrespirable des soirs de défaite.
En politique, je ne sais rien de pire que l’indifférence. Celle des citoyens. Et trop souvent la nôtre.

Pour faire réussir la France, et pour faire gagner la gauche, il faut des valeurs et des résultats, de la justice et de l’efficacité.
Nous n’avons pas d’autre obsession que d’aider à trouver des solutions, dans la clarté. C’est bien sûr le sens de notre motion.

2) L’URGENCE, C’EST DE FIXER ENSEMBLE L’AGENDA DES REFORMES

À engager en moins de deux années. Se concentrer sur l’essentiel. Montrer aux Français et donc aux socialistes le sens de notre action. Là se regagneront l’unité des socialistes, et l’adhésion de nos électeurs.

Le compte à rebours de 2O17 est engagé. Plus une minute ne doit être gaspillée.
Le Premier ministre a annoncé cette semaine des mesures dont je ne vais pas désapprouver la logique. Nous les demandons depuis un an ici à l’Assemblée nationale.
Mais elles ne sont pas à l’échelle, pas à la mesure du chômage de masse qui s’est aggravé.

La politique économique, ce n’est pas la recherche du temps perdu…
Nous sommes au pouvoir depuis trois ans, le compte à rebours est largement commencé.
J’ai écouté attentivement Manuel Valls.
Mais j’ai également entendu depuis des mois le constat implacable des économistes, ceux que nous adorons dans l’opposition, mais qui sont oubliés quand nous sommes au pouvoir, Thomas Piketty, Daniel Cohen, ou Pierre-Alain Muet. Sans efforts massifs d’investissements en France et en Europe, pas de salut collectif.
J’ai écouté aussi les syndicats et aussi des chefs d’entreprises qui ne sont pas tous formatés par les éléments de langage du Medef.
Oui, nous avons un débat capital de politique économique.
Pas pour le plaisir des chiffres, pour la réussite de la France. Sans un soutien massif aux investissements privés et publics, et en particulier ceux des collectivités locales, la demande ne repartira pas.

Ce débat engage notre réussite. Priorité à l’efficacité.
Il engage notre identité. Faire payer par les Français un pacte de responsabilité qui ne marche pas, c’est un virage illégitime. Pour redonner confiance au peuple, la politique spectacle a peu de poids. Il faut de la justice et des résultats.

Il faut donc vigoureusement corriger le cap.

Je décris cet agenda en allant à l’essentiel :
- Recentrer la politique d’aide aux entreprises pour la rendre réellement efficace et porteuse d’emploi. Tout a été dit. Mais je redis l’urgence du redéploiement de la moitié des 40 milliards accordés.
- Reprendre le chantier de la réforme bancaire. Nous ne pouvons pas renoncer à une régulation du secteur bancaire et de la finance. La 1ére loi bancaire a été une occasion manquée, sans levier pour notre économie.
- Améliorer de façon sensible les conditions de vie des classes populaires et des classes moyennes. L’inflation zéro, qui justifie pour les beaux esprits les gels des pensions ou la pause des salaires, n’existe pas pour les travailleurs pauvres. Par la fiscalité, les retraites ou les salaires, les marges existent. Utilisons-les pour soutenir le pouvoir d’achat et la demande.
- Pousser, et encore pousser à la réorientation des politiques européennes.Les égoïsmes sont en place. Les changements récents de politique monétaire sont réels; mais ils viennent tard et rassurent peu. La crise de l’Europe n’en finit pas. Les inspirateurs ne sont plus là. Je ne veux pas que notre génération soit celle qui abandonne aux libéraux et aux populistes le soin de dépecer le rêve européen.

J’entends aussi que le socialisme doit venir au secours de la République.
Mais enfin, depuis plus d’un siècle, la République et le socialisme vont la main dans la main.
Pour le dire à la manière de 2015, nous ne combattrons ni le Front national, ni les communautarismes, ni la sécession des territoires qui se sentent abandonnés sans affronter ici et maintenant la question des souffrances sociales. Nous appelons à une nouvelle génération de services publics dans les quartiers et dans les villages. C’est notre Plan République. Il n’y a pas de République dans l’esprit du 11 janvier sans parler d’égalité réelle entre les Français et entre les territoires. Ne laissons pas s’éteindre ce mouvement du 11 janvier, où tant de consciences se sont réveillées.

3) IL Y A L’URGENCE ET IL Y A L’AVENIR. LES SOCIALISTES SONT LES ÉCLAIREURS, LES ARCHITECTES DU PROJET FRANÇAIS, PAS DES FIGURANTS.

La politique se perd quand elle ne désigne pas une destination.
Le coeur et le moteur de notre action, c’est un projet pour la France.
Nous savons gérer le pays, mieux que la droite qui l’a laissé divisé et naufragé en 2012.
Mais savons-nous encore le transformer ?
C’est notre raison d’être.

Le projet est un capital pour demain. Ne le mettons pas au coffre en jetant la clé.

- Nous pouvons nous retrouver pour un nouveau modèle de développement.
L
’écosocialisme est une sortie de crise. Il doit devenir le visage moderne de la gauche.
– Notre projet pour le futur, c’est de ne pas cesser de protéger les salariés devant l’accélération de la mondialisation, c’est d’abord respecter le droit du travail, l ‘actualiser, sans le détruire. C’est ne pas reculer à la première difficulté quand nous avons fait preuve de courage. J’invite le gouvernement à appliquer sans retard le compte pénibilité de la réforme des retraites.

- Notre projet, c’est le principe d’égalité. Celui-là même qu’il faudrait oublier, parce qu’il ne serait pas moderne. La question de l’égalité n’est pas derrière nous, elle est devant. Pour l’école, le logement, la santé, l’emploi, le numérique. Nous plaidons pour que la gauche reste concentrée sur cette question de l’égalité et qu’elle repense en profondeur les moyens d’y parvenir.

- Notre projet, c’est beaucoup mieux de démocratie. Et si ce chantier conditionnait tous les autres ? Nous l’avons expérimenté au Parlement. Notre engagement de rééquilibrer les pouvoirs ne doit pas rester lettre morte.
Si le pays peine connaît souvent l’immobilisme, c’est qu’il n’y a plus de médiation et de participation. Les Français ne sont pas dans les circuits de décision.
C’est là aussi que notre parti doit être utile au pays.

4) MAIS TOUS NOS DÉBATS SERONT VAINS SI LE PARTI SOCIALISTE ET LA GAUCHE FRANÇAISE SONT EN MIETTES.

Notre rassemblement a déjà fait mentir les prophéties d’un congrès plié d’avance. Vous l’avez compris, nous n’irons pas à Poitiers pour faire des selfies.
J’ai accepté une mission : rassembler celles et ceux qui le veulent, pour agir et ne plus subir.
Pour retrouver le chemin de la gauche qui gagne, grâce à ses résultats et à ses valeurs.
Le Congrès, c’est important. Il n’a que trop tardé. Pourquoi ?

- Le Parti doit changer en profondeur
E
ntendez-le, le congrès n’est pas pour notre parti une épreuve. Nous devons en faire une chance, une nouvelle chance.
Le Parti a manqué le passage de l’opposition au pouvoir, du projet à l’action.
L’endormissement du Parti quand la gauche est majoritaire n’était pas une fatalité. Il n’y a pas de malédiction. Il lui faut trouver sa juste place entre le Parlement et l’éxécutif.
Le Parti doit inspirer l’action du gouvernement et garantir le respect de ses engagements. Vous conviendrez que nous en sommes loin.
Combien d’exemples de positions jamais débattues, jamais défendues (loi bancaire, réforme fiscale, travail du dimanche…) ? Il faut sonner la fin du laisser faire.

L’unité se fait dans la clarté des idées, pas dans l’habileté des textes.
Que ceux qui avec s’accordent avec nous sur le fond se mettent d’accord avec nous sur la forme (je le dis à Cohérence socialiste)
Que ceux qui pensent juste décident d’agir vraiment. Ça ferait une très belle majorité.

Et je le dis sans qu’il soit besoin de dramatiser. Les militants sont en proie aux doutes. Plus que quiconque, ils mesurent le grand écart entre les discours d’avant et les actes de maintenant.

Dans ce congrès, les militants prendront la parole. Je veillerai à ce qu’elle ne leur soit confisquée d’aucune manière. Il n’y aura dans ce congrès aucune opacité. Je défendrai la clarté des idées, mais aussi partout la transparence des pratiques.

– Ce congrès est important pour que la Gauche se retrouve sans retard.
Nous aimons la gauche qui gagne,
pas seulement les élections. Ca peut aider. Mais qui gagne les cœurs durablement.
Pour la justice, pour l’amélioration de la vie des gens, de ces vies ordinaires devenues des vies précaires, pour les batailles communes, immenses, de préservation de notre planète.

Nous aimons la gauche rassemblée, mais la « grande gauche », pas une majorité rétrécie à chaque étape.
Une « grande gauche » cimentée par un contrat de majorité, qui repose sur un projet partagé, et pas seulement sur des accords électoraux conclus à la hâte ou des passages au gouvernement négociés entre deux portes.

J’aime ces mots de René Char nés dans des moments de résistance autrement douloureux.
Mais ils valent aussi pour un parti héritier d’une longue histoire et qui ne doit biaiser ni avec le réel, ni avec son idéal.
Je vous les adresse :
« C’est l’enthousiasme qui soulève le poids des années.
C’est la supercherie qui relate la fatigue du siècle ».

Alors, changeons autant qu’il le faut, sans simulacre, sans nous censurer, sans nous renier, sans renoncer jamais à notre fierté d’être socialistes.

 

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