Avec un Smic net qui se situe à moins de 1100 euros par mois, une hausse de 2% incluant l’inflation et un «coup de pouce» qui serait une «avance» sur la hausse annuelle de janvier 2013, c’est décevant pour les salariés, impossible à vivre et donc nettement insuffisant aux yeux des syndicats.
On ne peut que s’indigner des réticences à l’augmentation du Smic qu’expriment les milieux patronaux quand les rémunérations de certains dirigeants se comptent en dizaines de millions d’euros par an. Pour 12 dirigeants de sociétés du CAC 40 déjà en poste en 1999, on a pu calculer que la moyenne de leur salaire est passée entre 1999 et 2004 de 744 000 euros (59 fois le Smic) à 3 235 000 euros (221 fois le Smic). Les hausses qu’ils se sont octroyés sont 20 fois supérieures à celle du Smic, mais selon eux c’est pourtant la hausse du Smic qu’il faudrait freiner.
L’appauvrissement du salariat est une réalité et les inégalités ne cessent de se creuser. Les enquêtes mesurant l’évolution des salaires négligent la partie du salariat la plus défavorisée : salariés des entreprises de moins de 10, salariés à temps partiel, en situation de précarité…
Les évolutions sont calculées par rapport à l’indice des prix de l’Insee qui ne reflète pas la réalité de l’évolution du coût de la vie, telle qu’elle est vécue. L’exemple des loyers est significatif. Alors que cela représente souvent plus de 30% d’un budget de salarié, le loyer n’intervient que pour 6,10% dans la pondération de l’indice Insee. Un grand nombre de postes de dépenses auxquelles on ne peut pas échapper ont connu de très fortes hausses. Ainsi, le fioul domestique, le gaz, les carburants, l’eau, les médicaments non remboursés – qui sont de plus en plus nombreux et coûtent de plus en plus cher.
L’écart entre les hausses mesurées par l’Insee et le vécu des salariés est considérable. Ceux qui prônent une limitation de l’évolution du Smic feraient bien de s’interroger sur les conditions de vie de ces 3 millions de salariés contraints de se contenter de moins de 1100 euros par mois, et sur les conséquences catastrophiques qui en découlent, du point de vue de la cohésion sociale, de la considération dont peut encore jouir le travail et de la motivation des salariés.
La hausse du Smic doit être plus forte et ne doit pas être une mesure isolée Elle ne règlera pas à elle seule l’ensemble des problèmes salariaux. Mais elle doit créer une dynamique.
1. La hausse du Smic doit s’accompagner d’une mesure significative de relèvement des retraites, des pensions, des minima sociaux et de revenus de remplacements.
2. Parallèlement, elle doit trouver son prolongement dans les négociations salariales de branches et d’entreprises, afin notamment de caler les grilles de salaires et métiers, des coefficients, niveaux, qualifications, sur la nouvelle valeur du Smic.
3. La situation des salariés en situation de précarité nécessite des mesures particulières. Par exemple, les salariés contraints au travail partiel doivent pouvoir accéder au temps plein. À défaut, le temps non travaillé doit leur être indemnisé.
4. La réforme des cotisations sociales doit s’accompagner d’une modification en profondeur des relations donneurs d’ordre/sous-traitants pour permettre aux petites entreprises d’offrir à leurs salariés des conditions sociales équivalentes à celles existant chez les entreprises donneuses d’ordre.