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MLG76

Blog des militants socialistes de Seine-Maritime qui se reconnaissent dans la motion "Maintenant la Gauche !" déposée par Emmanuel MAUREL lors du Congrès de Toulouse du Parti Socialiste.

 

contact : MaintenantLaGauche76@yahoo.fr

 

 

  

 

Vive La Gauche 76

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7 avril 2011 4 07 /04 /avril /2011 16:11

http://www.unmondedavance.eu/local/cache-vignettes/L180xH145/arton954-29022.jpg

 

A l’heure de définir notre projet pour 2012, nous voudrions ici souligner en quoi la question pénale - c’est à dire, d’une part, l’ensemble des politiques publiques s’intéressant à la délinquance, d’autre part le niveau de garantie du citoyen face à l’action du pouvoir répressif - s’avère d’une importance cruciale dans la construction d’une alternative crédible et durable à l’idéologie néolibérale.

L’aptitude que nous aurons à édifier et promouvoir de façon pérenne un discours rompant avec l’hystérie sécuritaire de la Droite conditionne pour beaucoup notre capacité à l’emporter, tant électoralement que politiquement. Il serait particulièrement naïf de considérer que le populisme pénal qui a causé tant de tort à la Gauche, malgré la lassitude qu’il commence à rencontrer auprès du citoyen, cessera de produire ses nuisances sans un travail profond et incisif de déconstruction idéologique. Or, ce travail ne peut être mené par la simple dénonciation de la dynamique de « pénalisation de la misère » mise en évidence par la sociologie pénale ou l’appel ému au souvenir des libertés publiques, mais suppose une analyse approfondie de la politique pénale et des voies permettant d’associer l’efficacité de la répression à la plus haute promotion des droits du justiciable.

Il est de la responsabilité de la Gauche républicaine de porter un projet fort et audacieux, à la mesure de la violence des attaques contre les libertés publiques que mène aujourd’hui la droite. La démarche s’impose d’autant plus que le contexte nous est relativement favorable, la gesticulation répressive du gouvernement éprouvant aujourd’hui ses limites de persuasion, alors que son mépris de la loi - quand elle ne sert pas les intérêts du pouvoir - apparaît désormais au plus grand nombre. Notre capacité à re-politiser la question de la promotion effective de l’Etat de droit républicain comme l’un des critères décisif du clivage droite-gauche sera déterminante d’une victoire politique significative et durable.

En finir avec le droit à la sécurité

Certes, comparée à l’inconsistance qui a longtemps caractérisé la réponse socialiste à la montée en puissance de l’idéologie sécuritaire dont la droite a fait, depuis 2002, l’un des éléments décisifs de ses victoires électorales, la réflexion amorcée à travers les forums Sécurité et Justice peut paraître encourageante en ce qu’elle offre les éléments d’une véritable alternative. Néanmoins, l’ensemble conserve des faiblesses qui risquent de rendre cette alternative proprement invisible. Ces faiblesses tiennent, d’une part, à la division artificielle entre les questions de sécurité et de Justice, d’autre part à une position encore trop timorée sur la défense de l’Etat de droit et notamment, d’une indépendance pleine et entière du pouvoir judiciaire.

Le préalable indispensable à ce regain de crédibilité, que constitue le croisement sinon la fusion des propositions formulées en matière de sécurité et de Justice, implique que nous abandonnions toute référence à la notion de sécurité comme objectif politique à part entière. Autrement dit, il convient d’intégrer les propositions pertinentes formulées en matière de sécurité publique dans un ensemble plus large.

Ceci pourrait paraître incongru et irréaliste tant cette grille de lecture a colonisé l’imaginaire politique. Mais il serait plus irréaliste encore de croire que nous pourrions durablement incarner une alternative à la rhétorique sécuritaire droitière sans se départir de ses mots et de ses représentations. Faire de la sécurité un droit fondamental - c’est à dire promettre une protection absolue contre toute agression physique voire verbale - c’est s’enfermer dans le piège de la pénalisation aveugle et de la délinquance zero et, partant, dans une surenchère belliqueuse qui ne peut que nous desservir. Il serait donc particulièrement regrettable, non seulement, de se priver de l’opportunité de mettre en pièces l’un des principaux ressorts droitiers de mystification des électeurs mais, encore, de contribuer à sa survie, alors que nous disposons dans la tradition républicaine de tous les outils pour promouvoir un projet alternatif.

Retrouver le souffle révolutionnaire

D’une façon générale, nous ne pourrons avancer si nous bridons notre volonté progressiste par la prise en compte des supposés attentes d’une opinion façonnée par un environnement médiatique...de droite. C’est au citoyen que nous nous adressons, et ce qu’il attend, c’est d’abord une vision du monde qui donne raison à ses difficultés présentes et lui offre, en conséquence, des perspectives d’avenir.

En cette matière comme dans les autres, il nous faut donc, si nous voulons être crédibles, retrouver le souffle révolutionnaire qui a jadis permis à la gauche de prendre le pouvoir et de faire avancer ses idées. Il nous faut donc prendre l’exact contre-pied de la démolition méthodique des fondations de notre Etat de droit à laquelle nous assistons depuis 2002, en replaçant notre démarche dans le sillage de la lutte contre l’arbitraire sous toutes ses formes.

Il s’agit, d’abord, contre une Justice livrée à la pression du pouvoir exécutif et financier, de restaurer le droit du citoyen à une Justice impartiale et indépendante. Alors que la droite foule aux pieds l’égalité devant la loi et les institutions chargés de la faire respecter, nous devons prendre clairement position pour un pouvoir judiciaire fort et indépendant, ce qui implique non seulement de revenir sur l’actuelle mise au pas de la magistrature, mais de proposer une évolution radicale qui nous sorte des représentations et pratiques héritées du bonapartisme.

Il s’agit ensuite, contre une hystérie répressive brouillonne et liberticide, de restaurer le droit du citoyen à la Sûreté. Afin de contrer, dans nos rangs, la tentation latente au sécuritarisme, associée à la crainte permanente de verser dans « l’angélisme », nous proposons d’opposer à l’impossible droit à la sécurité brandi par la Droite le droit à la Sûreté tel que proclamé par la déclaration des droits de l’homme de 1789 et la Convention européenne des droits de l’homme de 1950. Liberté publique essentielle autant que méconnue, la Sûreté n’est rien d’autre que la garantie pour le citoyen qu’aucune mesure restrictive ou privative de droits ou de liberté ne soit prise sans être prévue par la loi et sans respecter les formes qu’elle prescrit. L’idée de Sûreté signe le refus de toutes les formes d’arbitraire, qu’il soit d’ordre public ou privé, autrement dit la primauté absolue, dans la régulation des conflits, de la Loi sur la violence physique, économique ou institutionnelle. Elle rend sans objet, d’un point de vue démocratique, l’opposition, véhiculée par la Droite, entre l’efficacité de la répression et les droits de la défense.

Politiquement, placer notre action sous le signe de la Sûreté offre un double avantage. Il s’agit, d’abord, d’un mot d’ordre explicite qui souligne immédiatement l’alternative avec la Droite. Il permet, en outre, de situer notre action dans le prolongement de 1789 et de mettre en lumière la dimension fondamentalement anti-républicaine de la Droite contemporaine.

Ainsi armés intellectuellement, nous pourrons utilement contrer la rhétorique sécuritaire qui, soyons en sûr, ne manquera pas d’alimenter le fonds de commerce électoral de nos adversaires, en fournissant, à peu de frais, une diversion commode aux problématiques économiques et sociales du citoyen.

 

source : http://www.unmondedavance.eu

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