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MLG76

Blog des militants socialistes de Seine-Maritime qui se reconnaissent dans la motion "Maintenant la Gauche !" déposée par Emmanuel MAUREL lors du Congrès de Toulouse du Parti Socialiste.

 

contact : MaintenantLaGauche76@yahoo.fr

 

 

  

 

Vive La Gauche 76

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7 octobre 2011 5 07 /10 /octobre /2011 08:49

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A lire cette interview de Martine Aubry pour Challenges sur son programme économique. 

 

Challenges. Votre premier acte fort de candidate: augmenter de 50 % le budget de la Culture. N'était-ce pas un mauvais signal par temps de rigueur budgétaire ?

Martine Aubry. Remettons les chiffres à leur place, il s'agit de 200 millions d'euros de plus, soit dix fois moins que le coût de l'allégement de l'ISF ! Mes priorités budgétaires sont d'abord l'emploi, le pouvoir d'achat, l'éducation et la sécurité. Mais je fais aussi le choix, politique, de mettre des moyens dans la culture. La moitié de ce budget sera consacrée à mettre des médiateurs culturels dans les écoles, qui monteront des projets artistiques et des sorties... Je l'ai fait à Lille, et l'effet est spectaculaire, surtout auprès des enfants les plus défavorisés. C'est une ouverture au monde.

Ne faut-il pas plutôt s'engager dans une baisse des dépenses publiques ?

Il faut gérer serré, mais pas en abîmant le modèle social français, pas en détruisant les services publics. La règle du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux est, comme le disait Philippe Séguin, « imbécile ». Ainsi, je me suis engagée à recruter 10 000 policiers supplémentaires parce que c'est indispensable. Nicolas Sarkozy a surenchéri sur la sécurité, mais c'est un fiasco et les faits le prouvent.

Peut-on économiser juste en améliorant le fonctionnement de l'Etat ?

On peut déjà réduire son train de vie. Je baisserai de 30 % les traitements du président et des ministres. Au-delà, on gagnerait à achever la décentralisation: pourquoi garder une multitude de directions locales de services de l'Etat qui doublonnent avec l'action des communes, départements et régions?

La loi sur les 35 heures, controversée, vous a donné une image de dirigiste. Aucun regret ?

J'assume. Cela a été le dernier grand acquis social accordé aux Français. Elle a permis de créer 500 000 emplois et, selon l'Insee, d'améliorer la productivité de 7 %. Les entreprises ne s'en plaignent pas, elles ont gagné en souplesse. Cependant, tout n'a pas été parfait, notamment dans les PME. Il aurait aussi probablement mieux valu l'appliquer plus progressivement dans les hôpitaux.

Créer des emplois-jeunes dans le public, n'est-ce pas une solution du passé ?

Si vous me dites que les 300 000 emplois d'avenir rappellent les emplois-jeunes que j'avais mis en place il y a quinze ans quand j'étais ministre de l'Emploi, c'est vrai. Je suis pragmatique. La question n'est pas « est-ce nouveau ou pas? », mais « est-ce que ça marche ou pas? ». Or cela avait marché: 85 % des jeunes, après leurs cinq ans de contrat, avaient, l'année d'après, obtenu un emploi ou créé leur entreprise. J'en croise encore qui me remercient! Depuis, nombre d'études ont montré que pour agir vite sur le chômage en temps de crise, en attendant que la croissance prenne le relais, les emplois aidés dans le secteur non marchand sont les plus efficaces. Les exonérations de charges pour inciter à l'embauche dans le privé, j'en ai fait aussi, il y en a eu d'autres après, ça ne marche pas. Les coûts galopent alors que, pour les entreprises, c'est surtout un effet d'aubaine. C'est pour cela que je ne crois pas dans les contrats de génération de François Hollande.

En revanche, vous ne vous engagez pas, comme lui, à recréer 60 000 postes dans l'éducation...

Le classement international de notre éducation est catastrophique, et les économies dans ce domaine se paient chèrement plus tard ; l'école, c'est la connaissance et donc les emplois et la croissance de demain. Ainsi, je prévois une grosse enveloppe budgétaire, mais je répartirai cet argent entre la formation des enseignants, la revalorisation des salaires, les embauches, l'adaptation des pédagogies et des rythmes scolaires. Une réforme profonde que j e mènerai avec les syndicats d'enseignants et les parents d'élèves avec lesquels je travaille depuis deux ans. Il n'y a pas qu'une question de moyens, mais aussi une question d'allocation des moyens. Pourquoi pas 30 élèves par classe dans les quartiers sans problèmes pour qu'il puisse y en avoir 15 dans les zones sensibles?

Pour financer votre programme, vous voulez supprimer 50 milliards d'euros de niches fiscales. Lesquelles ?

Durant son mandat, Nicolas Sarkozy n'a cessé d'accorder des cadeaux sans retour. J'ai dressé une liste d'une cinquantaine de niches fiscales et sociales à supprimer car injustes et inefficaces. Les ménages riches devront contribuer à hauteur de leurs moyens: nous rétablirons l'ISF, remonterons les droits de succession, amènerons la taxation des revenus du capital à hauteur de celle du travail. Concernant les entreprises, nous reviendrons sur la « niche Copé » qui leur permet de vendre des actifs sans imposition des plus-values, nous plafonnerons la déductibilité des intérêts d'emprunt, nous supprimerons la défiscalisation des heures supplémentaires, absurde quand il y a un fort chômage.

De ces 50 milliards d'euros, vous affecterez 25 milliards au remboursement de la dette. Ne faut-il pas aller plus loin?

Réduire le déficit public à 3 % en 2013 est un impératif de souveraineté nationale. C'est à partir de ce chiffre que la dette cesse d'enfer... à condition de retrouver un peu de croissance. Et là, il s'agit de piloter finement pour ne pas l'asphyxier. L'exemple de la Grèce me fait frémir! Georges Papandréou a obéi à la lettre aux exigences du FMI et de l'Union européenne, et multiplié les plans drastiques d'austérité. Résultat: une récession de - 12 % du PIB en deux ans et des recettes fiscales qui fondent plus vite que les économies ne s'engrangent. La population s'appauvrit sans que les finances s'améliorent, et la faillite approche. Nous devons éviter ce cercle infernal. M. Filllon, qui aime citer l'Allemagne, ne mentionne jamais que son plan de relance a été trois fois plus élevé que le nôtre.

Vous misez sur la croissance pour réduire l'endettement sans trop d'austérité. Comment la relancer ?

Dans les 25 milliards d'euros pour financer nos projets, la politique industrielle et de recherche et développement sera notre premier budget. Nous ferons baisser l'impôt des sociétés de 33 à 20 % pour les entreprises qui investissent leurs bénéfices. Nous redéploierons le crédit impôt recherche, avec moins pour les grands groupes et plus pour les PME. Nous musclerons les pôles de compétitivité en misant sur les secteurs d'avenir - biotechnologies, numérique, technologies vertes -, mais aussi sur nos filières fortes dans l'aéronautique, les transports, et sur les innovations dans l'agriculture, le textile. Nous nous appuierons sur une banque publique de financement des PME qui agira au niveau régional, dotée de vrais moyens. D'ailleurs, le lendemain du jour où François Baroin a dit que le projet PS était bon à jeter à la poubelle, Nicolas Sarkozy parlait de lancer une banque publique des PME. Il a dû récupérer le projet PS au fond de la poubelle...

Propos recueillis par Gaëlle Macke

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